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Méthode de la préoccupation partagée #3. Rencontres avec les intimidateurs

Le harcèlement scolaire est d'abord un phénomène de groupe. La méthode de la préoccupation partagée a donc pour objet de déconstruire la pression exercée par le groupe sur chacun de ses membres. Découvrez comment ces rencontres individuelles peuvent permettre à chaque élève ayant pris part aux brimades de changer de posture et contribuer à la résolution de la situation.

Retrouvez les autres épisodes de la série :


Voix off :
Sitôt qu'un fait de harcèlement est porté à la connaissance de l'équipe ressource, un de ses intervenants organise une série de rencontres individuelles avec chacun des élèves ayant pris part au harcèlement.
La cible est prise en charge par un autre membre.
Au cours des entretiens qu'il a avec la cible et avec les intimidateurs, l'intervenant adopte volontairement une certaine attitude.
Elle ne doit en rien ressembler à celle d'un juge instruisant une affaire.
Elle se rapproche davantage de celle d'un diplomate qui, en alliant courtoisie et obstination, s'efforce de trouver une solution positive à un conflit.

Élève :
...
que je trouve assez...
débile...
et on pourrait...
L'accueil de l'intimidateur se fait toujours de façon bienveillante.
On ne le met jamais directement en cause.

Élève1 :
Je ne vois pas pourquoi on me convoque, je n'ai rien fait moi.

Intervenant :
Rassure-toi, tu n'es pas là pour être puni.
À ce stade, on ne parle pas de sanction.

Voix off :
Celui qui mène les entretiens insiste volontairement sur le fait qu'il est préoccupé par la situation de l'élève qui est la cible du harcèlement.
La méthode s'appelle : la méthode de la préoccupation partagée et elle consiste à faire naître chez l'intimidateur une préoccupation pour l'élève qui est la cible des brimades.
Mais cette préoccupation n'est pas toujours immédiate chez certains élèves.

Élève 2 :
Non, je n'ai rien remarqué, je ne la connais pas bien, je la calcule pas, je ne lui parle même pas.
Je ne sais pas, vous dites qu'elle avait l'air d'aller mal, moi je n'ai rien vu.
Elle n'a pas l'air mal...

Voix off :
Dans ce cas, l'intervenant ne doit pas chercher à faire pression pour faire avouer l'élève, il met simplement fin à l'entretien.

Intervenant :
Écoute, il semble que tu n'aies rien remarqué.
Donc je vais te demander d'être attentif à sa situation et nous nous reverrons la semaine prochaine pour en reparler parce que sa situation me préoccupe.

Voix off :
D'autres élèves se montrent plus coopératifs.

Élève 3 :
C'est vrai qu'elle ne va pas très bien.
Il y a des choses qui ne devraient peut-être pas se faire...

Voix off :
Dès que l'élève a reconnu le malaise de la cible, l'intervenant peut passer à la seconde phase de l'entretien, la recherche de suggestions pouvant améliorer la situation de la cible.

Intervenant :
Alors moi, je me suis demandé ce que l'on pourrait faire pour elle, pour que la situation s'arrange.
Toi, à ton niveau, qu'est-ce que tu pourrais faire ?

Élève 2 :
Je pourrais en parler autour de moi, faire en sorte que... qu'on ne se moque plus d'elle et qu'on ne lui donne plus de surnom, qu'on l'intègre...

Voix off :
Sitôt que l'élève a formulé une suggestion, l'intervenant le remercie et met fin à l'entrevue.
Les entretiens doivent être brefs, pas plus de deux ou trois minutes.
L'intervenant poursuit les entretiens avec les autres élèves ayant pris part à l'intimidation et il recherche avec eux quelle suggestion chacun pourrait apporter.

Élève 1 :
On pourrait en parler entre nous et aussi arrêter avec ce surnom qu'on lui donne...

Voix off :
Puis l'intervenant revoit les élèves lors d'un second entretien.
Pendant un délai d'environ deux semaines, chaque élève ayant participé aux brimades est rencontré deux fois.
L'intervenant s'assure auprès de chacun que leurs suggestions ont bien été suivies d'effets.

Élève 3 :
C'est possible.

Voix off :
Il est très important que les professionnels travaillent en équipe de manière à pouvoir décider ensemble de la stratégie la plus adaptée pour répondre à la situation à laquelle ils font face.
Il est rare que les élèves, même les moins coopératifs, se murent durablement dans le silence.
Si tous les intimidateurs se taisent, si aucun ne fait de suggestion, c'est sans doute que les brimades revêtent un caractère beaucoup plus grave.
Dans ce cas, il convient de changer de méthode.
Dans le cadre du programme pHARe, le protocole de l'établissement prévoit la prise en charge de ces situations plus complexes mais, même en cas de sanction, le soutien de l'élève cible reste toujours la priorité de l'équipe ressource.


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